D’où vient le succès de la série HPI ?
Alors que la série « HPI » vient d’entrer dans l’histoire de la télévision en étant la troisième série française la plus regardée depuis ces 30 dernières années, avec 11,5 millions de téléspectateurs en moyenne par épisode*, on se questionne forcément sur ce succès.
Est-ce le sujet ? les intrigues ? les personnages ?
Le sujet du haut potentiel intellectuel attire et interroge nombre d’individus, quel que soit leur niveau de connaissance en la matière. Qu’ils soient novices ou très informés, leur intérêt est suscité et leur curiosité attisée en entrant dans cet univers. La douance fascine parce qu’elle est impalpable, parce qu’elle touche toutes les classes sociales de la population et parce qu’elle est souvent un sujet dans le monde de l’éducation. Elle peut aussi impressionner les personnes qui n’en sont pas l’objet, et être vécue comme un fardeau par les surdoués eux-mêmes. La série permet un voyeurisme confortable en répondant à deux types de questions : « Que se passe-t-il dans la tête d’un-e HPI ? » et « Voyons voir comment nous, HPI, sommes représentés ? » : chacun y trouve son compte. En cela, c’est déjà une réussite mais ce n’est pas suffisant. La médiocrité d’un premier épisode aurait tué le succès dans l’œuf.
Entre disparitions, meurtres, trahisons et amours compliquées, les intrigues n’ont rien d’extraordinaire pour une série policière. En revanche, les personnages, bien incarnés par les acteurs choisis, sont incontestablement les éléments clés du succès. Et bien sûr, c’est Morgane Alvaro, mise en valeur par Audrey Fleurot, qui attire tous les regards.
Morgane séduit car elle n’est pas vraiment ce que l’inconscient collectif imagine quand on pense à une personne surdouée. Être femme de ménage avec un QI de 160, être THPI, (Très Haut Potentiel Intellectuel) et porter cet atypisme avec autant de naturel, la rend immédiatement différente, étonnante et sympathique. Mère de 3 enfants dont au moins un a hérité de son Haut Potentiel, elle détonne par son look et ses tenues colorées dans cet environnement policier. Elle est fraiche et spontanée, elle est franche et sans filtre, elle est à part.
Ce parti pris dès le départ par la créatrice de la série Alice Chegaray-Breugnot a tapé dans le mille : « Une femme de ménage, intérimaire, embauchée par la Police en tant que consultante est ce qu’on appelle dans notre jargon un « high concept », une idée « Bigger than life », qu’il fallait rendre la plus crédible possible. Donner à Morgane une capacité réellement hors norme permettait d’acheter ce postulat de départ. »**
Excellente idée puisque grâce à Morgane le monde mystérieux de la douance s’ouvre sur ce que peut vivre un-e HPI de l’intérieur. Une hyper acuité visuelle qui lui permet de voir ce que les autres ne voit pas, une mémoire incroyable, un besoin vital d’apprendre qu’elle assouvit à travers les documentaires TV qu’elle ingurgite, la multipotentialité, un cerveau en perpétuel ébullition, un sens aigu de la justice…
D’un côté comme de l’autre, que l’on soit HPI ou non, chacun peut y trouver des réponses à ses questions et assouvir sa curiosité. Qu’elle plaise ou non, la série HPI a indéniablement le mérite de démystifier le sujet de la surdouance et de porter en place publique ce sujet bien trop souvent galvaudé. Pari réussi donc et vivement la prochaine saison !
*Bilan des audiences de la série « HPI » incluant le replays, donné par TF1 le 31 mai 2021.
** Issue de l’Interview menée par Delphine pour Atypikoo le 10 mai 2021 (Interview à lire ici)
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